12/17/2012

Culture sénégalaise traditionnelle vs culture occidentale


Cette plongée longue durée parmi des cultures sénégalaises assez nettement différentes de la culture occidentale (même si les influences sont déjà évidentes) et dans une certaine pauvreté m'ont fait faire quelques reflexions que je partage ici.

Si la civilisation occidentale est incontestablement plus avancée en termes de confort matériel (très peu de machines à laver le linge par exemple au Sénégal, et c'est quand même un travail très dur !), on peut douter de notre progrès sur le bonheur des populations, qui est censé être notre but ultime (enfin déjà, dire ça est assez occidental, pour d'autres civilisations la vie est juste un destin choisi par Dieu, sans objectif précis dans la vie, sans recherche de sens).
Ici, parler de psychologie paraît assez incongru. Le phénomène de famille élargie, de quartier familial et la mobilité limitée font que l'on est jamais seul, pour le pire et le meilleur. La proximité s'élargit bien au delà du premier cercle familial puisque le voisin ou l'ami de passage sont rapidement des "frères" ou un "oncle". Rien que les noms de famille peuvent rapprocher des personnes entre elles, même si elles ne se connaissent pas. De quoi éviter la solitude urbaine occidentale et les envies de suicide car on se sent toujours entouré. 
A cela s'ajoute de fortes limites sur les possibles interrogations existentielles de l'amour et du travail. 
Les mariages arrangés sont encore monnaie courante et les fils reprennent souvent le travail du paternel, qui a un outil de travail difficilement acquis et un savoir faire à partager sans frais. Les femmes, elles, sont dédiées aux travaux traditionnels du foyer et de l'éducation des enfants, mais sont en outre très impliquées dans les travaux des champs. 
La vie se déroule alors dans un univers très solide avec des structures bien définies, univers qui bouge d'autant moins que l'on est pauvre.

Bien sûr, ces situations évoluent rapidement et ne sont pas générales. Les jeunes remettant en cause ces manières de faire et accédant de plus en plus à des formations académiques permettant d'envisager une carrière. Les mentalités et les cultures évoluent sans cesse.

Et mon propos n'est pas de dire que c'est génial... Outre les plaisirs intellectuels que nous avons à force de se prendre la tête sur des milliards de sujets (oui, ça n'a pas que des mauvais côtés de douter de tout), l'individu a du mal à s'épanouir. J'ai eu des exemples de jalousie extrême au sein de familles (d'autant plus fort lorsqu'il y a plusieurs épouses mettant en compétition leurs enfants respectifs), où chacun conspire à l'échec de l'autre, notamment via les maraboutages. Dans une situation de pauvreté, ces comportements sont quasiment suicidaires et désespérants. 

C'est un moment clé, je crois, dans ces cultures assez traditionnelles. Elles sont exposées via les médias à la valeur clé de l'individu et de plus en plus d'individus, jusqu'au fond des campagnes, reçoivent une éducation scolaire modelée sur le modèle occidental. Les notions du type réalisation de soi, trouver l'Amour ou encore Droits de l'Homme imprègnent des individus qui évoluent dans un cadre qui évolue moins vite (les Anciens sont là !). Se préoccuper de soi et chercher à satisfaire les besoins supérieurs sur la pyramide de Maslow sont assez mal vus lorsque ce qui compte avant tout, c'est encore pouvoir manger et dormir sous un toit.

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